J2 - lundi 6 mai 2002
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Sur le catalogue UCPA
Traversée de la vieille ville de Corté en direction du col d'Ominanda. Pique-nique sur les berges du fleuve "Golu". Des sentiers du Moyen-Age à travers le maquis odorant longant le massif de Popolasca, nous mènent à l'étape du soir, à Moltifao.
Sur le vif
Ce matin, réveil matinal sous un ciel changeant. Je vais voir les chevaux. Bon. Pas eu d'instructions. Une ration de foin, ça ne devrait pas leur faire de mal. Ah. La réserve de foin dans les écuries n'est pas suffisante. Il y a quelqu'un dans le coin ? Non. Pas encore. Mais où peut bien être le stock de foin ? En attendant que la vie humaine se manifeste, je commence à nettoyer les boxes. Leslie me rejoint et s'y colle également. Je m'absente un moment. Pendant ce temps, un jeune homme guère locace d'une vingtaine d'années distribue le foin et disparaît. Zut pas eu le temps de lui demander où est la réserve.
Nous résoudrons tous ces petits mystères un peu plus tard. Le foin se trouve dans le hangar entre la ferme et la route. Le jeune homme ne parle pas beaucoup car il est d'origine polonaise. Les chevaux reçoivent une mesure de granulés quand ils ont terminé leur foin. Et le crottin retiré des boxes est jeté par les fenêtres, côté pente.
Punaise ! Il manquait un sacré pan d'information au "briefing" d'hier après-midi !
De nouveau, nous nous installons dans le bureau directorial pour prendre notre petit déjeuner. Jean nous indique l'heure de départ et nous nous apprêtons.
Balade vers Casanova et la Punta di Tisani. Les consignes sont simples : les chevaux étant bien élevés, il n'y a pas d'ordre de marche et nous pouvons changer de place à volonté dans la rando. C'est Jean qui donne de la voix pour les changements d'allure, les derniers doivent alors faire un court arrêt pour laisser du champ devant eux. C'est également Jean qui ordonne l'arrêt du groupe en levant le bras. Rien d'inhabituel dans ces instructions.
Le ciel est couvert et le temps est frais. Quelques gouttes tombent.
On commence par la traversée d'un garage, enfin, presque. J'exaggère un peu car, en fait, nous ne sommes pas montés sur le pont. Traversée bien coordonnée de la route Ajaccio / Corte.
Nous coupons à travers le baptistère San Giovanni (13ème siècle), tout du moins ce qu'il en reste. Nous empruntons de petits sentiers en sous-bois, ouvrant et fermant les barrières (ici, nous sommes dans une zone agricole), montant et descendant du bois au maquis et du maquis au bois.
Nous prenons la mesure de nos chevaux. Eux aussi, d'ailleurs. Les discussions se font et se défont au gré des distances. Tout va bien.
En cours de route, nous apprenons que Jean n'a pas renouvellé son contrat avec l'ATE de l'année précédente et se trouve donc contraint, pour ce début de saison, d'assurer l'intérim. Il nous explique qu'une jeune femme a accepté de le dépanner pour deux ou trois semaines et qu'elle devrait arriver ce soir.
Sans qu'on s'en rende vraiment compte, notre parcours louvoiera toute la journée de part et d'autre de la voie ferrée. Le chemin de fer corse à voie unique possède une histoire très chargée, ponctuée d'accidents divers et variés. Il existe une chanson de protestation (en fait un "vocere") contre la construction de cette voie ferrée, considérée à l'époque comme une dangereuse source de malheurs. A l'heure actuelle, la priorité est finalement donnée à la sécurité du personnel et des passagers. Le matériel et la voie sont entretenus avec plus de rigueur et des fonds sont débloqués pour que ce transport en commun puisse continuer d'exister.
Premier coup de gueule de Jean sur le chemin du retour. C'est Cécile qui inaugure. On se remet en mémoire l'adage de Jean : "Pardonner ses défauts et cultiver ses qualités" et on passe à autre chose. Après tout, c'est notre premier jour, alors cultivons, cultivons.
Ce soir, nous sommes censés être en bivouac à Maltifao aussi nous faut-il libérer le dortoir. Des lits superposés nous attendent dans une grande tente dressée sur une des terrasses herbeuses du terrain de camping de l'Albadu. Une fois les chevaux pansés et nourris, nous transférons nos affaires dans la tente et investissons le bloc sanitaire du camping. Les douches sont prises sans bagarre. Et le papier hygiénique ? On partage les réserves personnelles. A la question d'Isabelle, "Jean, il n'y a plus de papier, on peut en avoir un rouleau ?", la réponse sera : "Je n'en mets plus, les campeurs me bouchent les toilettes avec". Oui, mais "Et le papier ?". Ce fut, bien sûr, un thème récurrent de plaisanteries pendant tout le séjour.
Anne se sent une âme d'exploratrice et se rend à Corte faire quelques emplettes. La route est simple, facile et courte de l'Albadu au centre-ville, mais nous l'assurons que si elle n'est pas de retour pour le dîner, nous monterons une expédition de recherches et secours. Elle part rassurée et revient saine et sauve, les bras chargés des commissions des unes et des autres.
Au dîner (avec soupe à la viande, pauvre Leslie), que nous prenons cette fois avec tout le monde, nous rencontrons Stéphanie, cavalière ATE, qui vient faire une semaine de repérage avant de prendre son poste d'accompagnatrice à l'Albadu pour le reste du mois de mai.
Nous allons nous coucher non sans avoir fait une provision de papier hygiénique au détriment des toilettes de la salle de restauration.
Jour 3 -->
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